Plusieurs bénéficiaires du Fonds de Développement Economique Local (FODEL) dans la préfecture de Siguiri, notamment les groupements de jeunes et de femmes sont très heureux de l’appui apporté par cet outil de développement local. Ils ne tarissent pas de mots pour exprimer leur satisfaction aux reporters Transparency Fodel Guinée qui les a rencontrés dans leurs lieux de travail.
Les communautés de Siguiri ont reçu le FODEL le samedi 22 février 2020. Le chèque de 80 milliards 393 millions 752 917 francs guinéens a été officiellement remis par le chef de l’Etat, aux communautés en présence du Ministre des Mines et de la Géologie. Ce montant payé par les deux sociétés minières évoluant dans la zone, notamment la Société Minière de Dinguiraye (SMD : 21 780 095 214 GNF) et la société AngoloGold Ashanti (SAG : 58 519 866 337 GNF) couvre la période 2015-2018. Ce fonds a été réparti entre les collectivités locales à hauteur de 95% et les 5% ont été répartis entre le comité d’appui à la gestion du FODEL, du secrétariat permanent du comité d’appui à la gestion du Fodel (CAGF), de l’administration régionale et préfectorale, de l’administration minière et environnementale déconcentrée, des sous-préfectures et du comité conjoint de supervision du FODEL..
Notre équipe a rencontré quelques bénéficiaires des fonds FODEL dans la commune rurale de Kintinian et la commune urbaine de Siguiri.
Camara Maganfin, vice-président de l’association des jeunes ‘’Bouréla Sabati’’, laisse entendre que son organisation qui se lance dans la conservation et la vente du poisson frais, compte 18 personnes dont sept femmes. Elle a été financée par le FODEL à hauteur de 450 millions GNF. Un financement qui a permis aux jeunes de mettre en place un conteneur frigorifique de 40 pieds et un groupe électrogène (XKVA), d’importer, conserver et vendre du poisson à la communauté. « Kintinian est une zone minière et tout le monde ne peut travailler dans la mine. Il y a d’autres jeunes qui ont fini l’université qui n’ont pas de travail. Au lieu de croiser les bras, nous nous sommes regroupés pour se donner des idées afin de réaliser quelque chose », explique le jeune.
Camara et ses collègues accueillent le FODEL à bras ouverts : « avant, les collectivités ne recevaient pas de fonds pour nous financer. Il y a des jeunes qui ont beaucoup de talents et d’initiatives. Mais s’ils ne sont pas appuyés, ils ne pourront pas évoluer. »
Le vice-président de l’association déclare que la motivation de ce projet est partie du constat de l’émigration des jeunes de la localité faute d’emplois et des perspectives d’avenir sur place. « Nous estimons, qu’au lieu d’aller à l’extérieur, il fallait initier quelque chose pour mieux vivre ici. Nous sommes fiers d’être les premiers à initier le projet de conteneur de poisson frais à Fatoya. Car, nous rapprochons les produits de consommations aux communautés avec moins de risques d’accidents. Parce qu’avant, il fallait partir à Siguiri, Conakry ou Bamako pour avoir du poisson frais. Maintenant, c’est proche d ‘eux. »
Comme c’est un fonds revolving, ‘’Bouréla Sabati’’ compte rembourser le montant et décide de rembourser un certain montant à la fin de chaque trois mois. Il parle des difficultés : « Nous sommes des débutants. Et le début de chaque projet, on rencontre quelques difficultés à franchir. C’est le cas de la mise en place du hangar, de la clôture grillagée et le transport très coûteux du conteneur. Ce sont des aspects que nous n’avions pas intégré dans le montage du projet. »
Avant d’obtenir le financement, les membres de l’association ont bénéficiés d’une formation de la part du CAGF. M. Camara et ses amis ont mis en place un calendrier rotatif. Et ils travaillent de façon volontaire et ne songent au salaire qu’après avoir remboursé les fonds à la commune rurale de Kintinian.
L’entrepreneur encourage les autres jeunes à se regrouper et rester au pays et travailler parce que tout le monde ne peut pas avoir du travail ailleurs.
Madame Koloko Camara, secrétaire du groupement des femmes ‘’Moussolou Dèmè’’ qui construit une station de services note le fait que les guinéennes souffrent. Elle dit que son groupement compte 15 femmes. C’est ce qui les a poussés à postuler pour le fonds FODEL : « C’est pourquoi, quand le Fodel est venu, comme on avait un agrément, nous avons soumis notre projet de construction d’une station services pour améliorer nos conditions de vie, mais également préparer l’avenir de nos enfants. Notre projet a été accepté et financé à plus de 900 millions GNF par la mairie de Kintinian qui est notre garant ».
« D’abord, nous allons rembourser l’argent du fodel qui nous a été prêté, et après l’argent que nous gagnerons sera pour nous. Et nous allons mieux nous organiser afin de préparer l’avenir de nos enfants », explique Mme Koloko Camara.
Mme Camara souligne qu’elles rencontrent d’énormes difficultés. Mais à l’avenir, elles estiment avoir des bénéfices. « Les difficultés que nous avons dans la mise en œuvre du projet c’est avec l’ingénieur notamment sur le plan. Parce que là où les véhicules doivent passer pour prendre du carburant et d’autres pour traverser la piste, c’est rétréci par rapport au plan initial. Nous avons été sur le site pour discuter avec lui, et il a promis de corriger ».
Aujourd’hui, la construction de la station tant vers la fin et les dames en sont fières de l’évolution des travaux. Elle dit que le FODEL est venue à point nommé. Elle invite les autres femmes à s’unir davantage pour bénéficier également des financements.
Sur la même lancée, Mme Kadé Kéita, présidente du groupement d’intérêt économique (GIE) ‘’associationMme CONDÉ Djené Kaba pour la paix et le développement’’ s’investit dans la saponification au niveau de la commune urbaine de Siguiri. Elle remercie l’initiative FODEL qui appui les jeunes et femmes des communes minières pour lutter contre le chômage et la pauvreté.
Créé en 2014, le groupement est composé de 350 femmes dont 55 sont au niveau de la commune urbaine. Il a été financé à hauteur de 170 millions GNF des fonds FODEL par la commune urbaine de Siguiri. Mme Kéita affirme que la production journalière du GIE est de 3000 morceaux de savon.
« Nous travaillons en équipes et en rotation. 10 personnes produisent, 10 font l’emballage et 10 autres partent au marché pour l’achat des intrants. La semaine suivante, c’est trois autres équipes qui entrent en jeu », souligne la dame.
Elle affirme qu’elles produisent plusieurs sortes de savons, notamment du Diama, Kabakoudou, savon de toilette et autres. Les marchés locaux sont approvisionnés, car la demande va crescendo vu que les siguirinkas se sont habitués aux produits du GIE.
Mamadou Oury Bah